En ce moment, il m'est impossible de
lire un roman en dehors de ceux consacrés à l'étude avec mes
élèves.
Je n'y arrive pas, la fiction me
lasse.
Je me retourne donc vers mes bon vieux
recueils de poèmes.
Victor d'abord et encore.
Les Contemplations, évidemment,
livre de deuil, de douleurs et d'espoir. Livre empli de la présence
puis de l'absence de Léopoldine, sa fille aimée, sa noyée...
On sait que Hugo a appris la mort de
sa fille dans le journal, alors qu'il se trouvait en vacances.
J'imagine, j'imagine très bien, les
yeux de Hugo parcourant le quotidien rapidement feuille par feuille,
puis ouvrant la page des faits divers et il tombe sur ce drame, écrit
sûrement de façon factuelle, en quelques lignes...Léopoldine...,
fille du grand écrivain..., est morte le...noyée...
Je l'imagine lire et relire, sans
comprendre, je le vois ne pas y croire, je le pressens dans une
stupeur un peu bête, la bouche vaguement
ouverte...impossible...impossible....
Et puis l'intolérable nouvelle
parvient jusqu'à sa conscience, effet d'une balle à bout portant,
je le vois, vieux lion blessé, hurler de douleur...le cri
épouvantable de celui qui ne s'en remettra jamais...
Ce cri est devenu un des plus beaux
recueils de poésies jamais écrits, je le tiens pour un pur
chef-d'oeuvre. On y voit le poète se battre avec le désespoir, y
plonger, relever la tête sous la mitraille de sa douleur, reprendre
espoir, le perdre à nouveau, appelant dieu, se fâchant, pour enfin
se réconcilier...comme dans la fin de ce poème :
"Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,
Sur ce qu’il est et sur ce que nous sommes ;Une loi sort des choses d’ici-bas,Et des hommes !Cette loi sainte, il faut s'y conformer
Et la voici, toute âme y peut atteindre :
Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer,
Ou tout plaindre !"
Paris, octobre 1842.
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