samedi 6 avril 2013

"Les luttes et les rêves" Victor HUGO


En ce moment, il m'est impossible de lire un roman en dehors de ceux consacrés à l'étude avec mes élèves.

Je n'y arrive pas, la fiction me lasse.

Je me retourne donc vers mes bon vieux recueils de poèmes.
Victor d'abord et encore.

Les Contemplations, évidemment, livre de deuil, de douleurs et d'espoir. Livre empli de la présence puis de l'absence de Léopoldine, sa fille aimée, sa noyée...

On sait que Hugo a appris la mort de sa fille dans le journal, alors qu'il se trouvait en vacances.
J'imagine, j'imagine très bien, les yeux de Hugo parcourant le quotidien rapidement feuille par feuille, puis ouvrant la page des faits divers et il tombe sur ce drame, écrit sûrement de façon factuelle, en quelques lignes...Léopoldine..., fille du grand écrivain..., est morte le...noyée...

Je l'imagine lire et relire, sans comprendre, je le vois ne pas y croire, je le pressens dans une stupeur un peu bête, la bouche vaguement ouverte...impossible...impossible....
Et puis l'intolérable nouvelle parvient jusqu'à sa conscience, effet d'une balle à bout portant, je le vois, vieux lion blessé, hurler de douleur...le cri épouvantable de celui qui ne s'en remettra jamais...

Ce cri est devenu un des plus beaux recueils de poésies jamais écrits, je le tiens pour un pur chef-d'oeuvre. On y voit le poète se battre avec le désespoir, y plonger, relever la tête sous la mitraille de sa douleur, reprendre espoir, le perdre à nouveau, appelant dieu, se fâchant, pour enfin se réconcilier...comme dans la fin de ce poème :
"Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,
Sur ce qu’il est et sur ce que nous sommes ;Une loi sort des choses d’ici-bas,Et des hommes !


Cette loi sainte, il faut s'y conformer
Et la voici, toute âme y peut atteindre :
Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer,
                 Ou tout plaindre !"

Paris, octobre 1842.

Philippe et l'éternité


 J'ai écrit ces vers malhabiles dans le dernier "post" en hommage à mon ami Philippe PUIGSERVER, mort d'une crise cardiaque à 48 ans, le 4 février dernier.

Homme de théâtre, Philippe avait aussi écrit plusieurs livres.

Je me souviens...

Je me souviens d'une vieille, très ancienne, conversation que nous avions eue tous deux. Nous étions alors deux jeunes gens d'une vingtaine d'années et ce jour-là, nous parlions de la mort, de l'angoisse de sa présence dans une vie et du désir d'éternité qui était en nous. Je me souviens très bien lui avoir dit qu'il nous fallait écrire, que l'écriture était plus forte que la mort, qu'elle était un petit bout d'éternité.

Peut-être lui avais-je même cité ces vers de Rimbaud que j'aime tant :
« Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil »

Philippe a effectivement écrit plusieurs ouvrages, des romans, des nouvelles qui ont été publiés, des pièces de théâtre aussi. Philippe était un artisan, toujours en mouvement et toujours prêt à mettre en actes ses paroles. Moi, éternelle dilettante, je remplis mes carnets, je pianote, mais je n'ai jamais rien terminé. Je reste le mauvais poète, « celui qui ne sait pas aller jusqu'au bout » comme disait Cendrars.

Le dernier portait un titre de glace et de soleil Gelate al sole, comme l'éphémère, comme l'éternité...